12 avril, 2018, Accra - Vu la forte croissance de la population des jeunes à la recherche d’emplois en Afrique, la volonté politique est nécessaire pour un programme de développement propulsé par une croissance stimulée par le secteur privé grâce à des réformes. Selon Mme Eugenia Kayitesi, Directrice exécutive de l'IPAR-Rwanda, les décideurs doivent donc renforcer la confiance et créer un environnement favorable pour attirer les investissements du secteur privé.
Contribuant aux discussions d’une table ronde sur Le développement du secteur privé nécessaire pour créer des emplois pour les jeunes, le jour de l'ouverture du 5e Sommet des Think Tanks africains, Mme Kayitesi a déclaré que les pays africains doivent cesser de former des gens pour des emplois de bureau seulement mais plutôt les orienter également dans l'enseignement et la formation techniques et professionnels.
Selon elle, l'un des moyens de lutter contre le chômage élevé des jeunes sur le continent est de fournir un accès aux capitaux d'investissement, en particulier aux PME et aux jeunes ayant des compétences entrepreneuriales, afin que davantage d'emplois puissent être créés par les entreprises bénéficiaires ou les jeunes eux-mêmes.
Des études démontrent que deux des principaux facteurs qui militent contre la croissance des entreprises en Afrique, en particulier les entreprises naissantes, sont le manque de capitaux d'investissement et l'accès aux marchés. Selon Mme Kayitesi, si ces deux facteurs sont garantis, l'environnement des affaires en Afrique connaîtra une révolution.
Elle a donc appelé à un meilleur accès aux capitaux d'investissement, à une augmentation du commerce intra-africain et à la réorganisation du secteur du tourisme en Afrique en vue de créer plus d'emplois pour les jeunes.
Elle a également plaidé en faveur d'une transformation agricole axée sur l'agriculture à grande échelle pour l'exportation et l’agro-transformation pour la valeur ajoutée, sachant que les deux sont des conditions sine quo non pour attirer les jeunes dans l'agriculture vu qu’actuellement, l'agriculture est considérée par les jeunes comme une corvée et non une affaire, ce qui les décourage.
Un autre intervenant, M. Cheikh Baye Ould Beddy, le Directeur adjoint du CMAP (Mauritanie) a noté les énormes contraintes qui entravent les progrès dans l'agriculture, tels que les taux d'intérêt élevés appliqués par les banques, et a appelé à un changement pour que le continent puisse vaincre la crise actuelle du chômage élevé des jeunes.
M. Beddy a suggéré un plan d'action pour améliorer le marché du travail en encourageant les activités entrepreneuriales et l'octroi de subsides aux PME afin de leur donner plus d'impulsion pour qu’elles créent des emplois et absorbent les jeunes chômeurs. En outre, il a recommandé une nécessaire formation pédagogique axée sur l'enseignement technique et professionnel.
Contribuant à la même discussion, Pr. Ali Issa Abdi, Directeur Général de HESPI (Éthiopie), a noté qu'en Asie du Sud-Est, « l'Etat adopte une approche de développement à long terme et fournit l'environnement pour que d'autres secteurs prospèrent. Par conséquent, puisque l'Afrique manque de grandes entreprises, il faut encourager et permettre aux PME de créer les emplois nécessaires pour les jeunes. »
Une autre intervenante, Mme Lynette Chen, Directrice générale de la NEPAD Business Foundation (Afrique du Sud), a noté que la tâche de création d'emplois était l'apanage du secteur privé et non des gouvernements. Par conséquent, il y a un besoin de dialogue entre les secteurs public et privé pour combler le fossé et parvenir à une compréhension commune des véritables défis.
Elle a appelé à la création d'un pôle entrepreneurial africain qui réunira chaque année les entrepreneurs pour créer un réseau. Elle a donné des exemples de jeunes entrepreneurs africains qui ont mis au point des innovations telles que des toilettes sans eau et l'utilisation de déchets pour produire des briques, mais ont besoin de mentorat et de capital d'investissement.
Pendant la session des questions, un intervenant de la salle a noté que pour créer de l'emploi, les gouvernements doivent prêter attention à l'élaboration d'une politique d'IED cohérente. « Actuellement, a-t-il dit, les gouvernements africains donnent injustement de nombreux subsides aux investisseurs étrangers au détriment des investisseurs locaux, et ceci doit changer. »
« Une solution à y apporter est que les pays développent des investisseurs nationaux dynamiques et performants », a-t-il ajouté.
Mme Kayitesi a ensuite expliqué qu'au Rwanda les jeunes sont considérés comme des atouts et que le Rwanda Development Board est le moteur de la plupart des créations d'emplois qui portent leurs fruits.
Contrairement à un avis de l’audience, elle a dit que ce sont les gouvernements, pas les universités, qui font des politiques donc toute politique stratégique doit être prise entre les gouvernements et le secteur privé. Par exemple, le développement des compétences n'est pas du seul ressort des universités, d'où la nécessité pour l'État d'intervenir dans les politiques pour atteindre cet objectif.
Un participant du Kenya a noté que le gouvernement avait réservé 30% de son budget de passation des marchés à un Fonds pour la jeunesse pour les activités entrepreneuriales des jeunes dans le pays.
Un autre participant, de la Côte d'Ivoire, a expliqué que le gouvernement avait mis en place des incitations telles que des politiques fiscales pour créer un environnement favorable à la création d'emplois pour les jeunes. Mais comme il y a beaucoup de diplômés universitaires dans le secteur informel, davantage d'incitations sont nécessaires pour l'ajout de valeur.
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